Une équipe scientifique explore les récifs au cœur du parc naturel de la mer de Corail pour identifier des marqueurs génétiques de thermotolérance des coraux et en étudier la dispersion. C’est tout l’objectif de ReCoVer : « renforcer la conservation récifale dans le Pacifique Sud via l’identification de coraux adaptés au stress thermique ».
Du 21 au 30 juin 2023, une équipe pluri-institutionnelle de scientifiques, dont l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC), avec le soutien des forces armées en Nouvelle-Calédonie, a embarqué sur le bâtiment de la Marine nationale D’Entrecasteaux, engagé dans une patrouille de surveillance de la zone. L’objectif était de prélever de petits fragments de deux espèces de coraux présentes dans les récifs de Chesterfield-Bellona, en vue de mettre à jour des marqueurs génétiques de thermotolérance et d’élaborer une carte du potentiel adaptatif des coraux de la région.
Le blanchissement corallien est en effet l’une des principales causes du déclin des écosystèmes récifaux à l’échelle mondiale, mais son occurrence et son intensité varient à différentes échelles tant géographiques que taxonomiques. Fort du constat que, depuis 2016, les coraux de Nouvelle-Calédonie ont été jusqu’à présent moins impactés par les vagues de chaleur mondiale que ceux de la Grande Barrière de Corail australienne, par exemple, que les récifs de Chesterfield-Bellona, traversés par le courant sud équatorial, sont situés à mi-parcours entre les deux plus grandes barrières coralliennes mondiales et que leur histoire évolutive indique qu’ils vivent dans une zone plus stressante que les récifs environnants, les récifs de de Chesterfield-Bellona pourraient servir de « zones réservoirs ».
L’étude a porté sur 6 sites représentatifs d’environnements contrastés, sélectionnés grâce aux données de télédétection (variation de la température de l’eau, turbidité, chlorophylle etc.). Un laboratoire aménagé sur le pont du D’Entrecasteaux, avec le soutien de l’Aquarium des Lagons, a permis d’évaluer leur thermotolérance, données qui seront mises en lien tant avec les paramètres environnementaux qu’avec les données de séquençage du génome des coraux échantillonnés. Ces données seront complétées par une analyse d’ADN environnemental pour déterminer la composition des communautés sur chacun des sites. Cette mission du projet ReCoVer est le support de deux thèses (thèses Franco-Suisse et Franco-Australienne) avec deux directeurs basés en Nouvelle-Calédonie, dont la coordinatrice du projet ReCoVer, Véronique Berteaux-Lecellier (CNRS).
Cette mission s’inscrit dans une collaboration internationale entre chercheurs de Nouvelle-Calédonie (IRD-UNC-CNRS), d’Australie (AIMS-SCU) et de Suisse (EPFL). Elle vise ainsi non seulement à établir une cartographie du potentiel adaptatif des récifs de Chesterfield-Bellona, mais aussi à étudier l’influence, grâce au courant équatorial sud, des récifs d’Entrecasteaux et de la côte ouest de la Grande Terre dans le potentiel adaptatif de ceux de Chesterfield-Bellona et, par delà, celle de Chesterfield-Bellona sur la Grande Barrière de Corail.
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